L’embrayage d’une voiture s’use de façon inégale, selon la qualité du disque, le mode de conduite du pilote, la charge du véhicule, le climat et le type de trajets habituel. Il est donc quasiment impossible de prévoir, avec certitude, la date ou le kilométrage auxquels son remplacement deviendra inévitable. Tout juste peut-on dégager des probabilités statistiques, peu fiables, en fonction du type de véhicule. Par exemple, sous nos latitudes, l’embrayage d’une citadine à essence utilisée le plus fréquemment en ville est remplacé, en moyenne, entre 150 000 et 200 000 km. Cela peut monter jusqu’à 400 000 km ou plus pour une routière habituée des autoroutes ! Face à cette incertitude, la bonne méthode pour éviter la panne, consiste sans doute, à rester à l’écoute des signes de faiblesse de l’embrayage et d’effectuer, en cas de doute quelques tests simples, mais révélateurs de son état.
Principe de fonctionnement de l’embrayage
Pour bien interpréter les messages envoyés par le moteur d’un véhicule, il est souhaitable d’avoir des rudiments de connaissances sur la façon dont il fonctionne. L’embraye est l’un des éléments du moteur qui subit les plus fortes contraintes, puisqu’il est chargé de transmettre la puissance du moteur à la boite de vitesse, puis aux, lors du démarrage et des changements de rapports. Il fait en quelque sorte, une césure entre le fournisseur d’énergie et les organes qui la consomment. Véhicule arrêté, moteur tournant sans vitesse enclenché ou véhicule roulant à vitesse stabilisée, l’usure de l’embrayage est quasiment nulle, car le disque de friction et son plateau de pression restent en contact permanent, sans aucun glissement. Lorsque vous appuyez sur la pédale d’embrayage, puis enclenchez une vitesse, moteur en rotation, le disque d’embrayage et le volant moteur ne sont pas encore en contact, donc toujours pas d’usure du disque, mais usure de la butée et des ressorts de pression. Le fait de relâcher la pédale, provoque un contact progressif du disque sur la surface immobile du plateau de pression en mouvement, entraînant, lorsque le couple est suffisant, le démarrage de la voiture. Pendant cette phase et jusqu’à ce que les deux éléments tournent à la même vitesse, le disque frotte sur le plateau. C’est une période d’usure de l’embrayage d’autant plus intense que vous cherchez à précipiter le démarrage ou le passage des rapports. Le processus se répète à chaque démarrage et à chaque changement de vitesse, en montée comme en descente. Voici pourquoi, la fréquence et le mode d’utilisation de l’embrayage influent sur sa durée de vie.
Emballement du moteur, premier signe annonciateur d’usure anormale de l’embrayage
Puisqu’il n’est guère possible de prévoir la longévité d’un embrayage, nous sommes contraints de nous fier aux appels de détresse qu’il envoie en fin de vie, pour éviter de rester piteux, au bord de la route. La manifestation d’usure la plus flagrante se traduit par un surrégime du moteur lors du démarrage. Lorsque les garnitures de friction du disque deviennent trop minces, le frottement sur le plateau de pression est insuffisant pour compenser le couple nécessaire à assurer l’avancement du véhicule. Le disque glisse sur le plateau de pression de façon plus ou moins permanente. D’abord, le surrégime est à peine perceptible et de courte durée, car les forces de friction réussissent encore à compenser l’inertie opposée par le poids du véhicule. Cependant, le processus engagé est irréversible. Dans un second temps, il se manifeste dans les cotes, puis lors d’une simple accélération, même sur route plate La durée d’emballement s’allonge à chaque mètre parcouru, les frottements intensifs glacent la surface des garnitures de disque, qui brûlent en dégageant une forte odeur âcre, voire des fumées caractéristiques d’une surchauffe dangereuse. Cette situation, provoquant, à terme la rupture des ressorts, exige l’arrêt immédiat. Notez que ce scénario peut s’accompagner de cliquetis, perceptibles, même lorsque l’embrayage n’est pas sollicité.
Il est fortement conseillé de remplacer le mécanisme d’embrayage, dès que les tours commencent à monter anormalement lors des démarrages, pour éviter ces situations extrêmes et les dégâts collatéraux pouvant impacter l’augmentation du montant des réparations de façon incontrôlable.
Les 8 principales causes de dysfonctionnement du mécanisme d’embrayage
L’embrayage peut aussi être à l’origine de bruits anormaux, de grincements, de frottements, de vibrations ou de craquements lors des changements de vitesse ou en marche normale. Il ne s’agit plus là, d’usure anormale du disque, mais plus sûrement d’anomalies dans le mécanisme d’embrayage.
1 – Sifflements
Les sifflements produits lors des pressions sur la pédale, proviennent de la butée d’embrayage. Ils sont plus gênants que véritablement dangereux, si le problème est rapidement traité. Un bruit plus sourd sans sollicitation de l’embrayage, peut prévenir d’un début de grippage de la butée. Ce sont les illustrations les plus fréquentes des dysfonctionnements du mécanisme. Votre garagiste favori devrait régler rapidement le problème, à peu de frais.
2 – À coups
Les à-coups et frottements perçus lors des changements de vitesse sont un signe d’épuisement des ressorts plats de pression, auquel le remplacement du mécanisme constitue le seul remède pérenne.
3 – Broutements
Un embrayage qui « broute », au démarrage est le signe d’un disque voilé. À remplacer.
4 – Craquements
Les craquements aux changements de rapports, en montée comme en descente, peuvent provenir de défauts de la boite à vitesse (manque d’huile, synchros, bagues…). Ils sont aussi, quelquefois, provoqués par un dérèglement ou une défaillance, soit du câble, soit de la tringle de commande d’embrayage, pour les véhicules qui en sont munis. Réglez ou remplacez l’élément en cause.
5 – Vibrations
Les vibrations prononcées, perçues lors de l’embrayage, sont caractéristiques d’une mollesse accidentelle des ressorts d’amortissement du disque. Cette anomalie est souvent constatée à la suite d’embrayages brutaux fréquemment répétés. Dans ce cas, il convient d’adopter une attitude de conduite plus souple pour ménager la mécanique, mais quand le mal est fait, il est définitif. Une autre raison à l’origine du phénomène est consécutive à de très forts échauffements du disque d’embrayage, toujours suite à une conduite inappropriée inverse à la précédente, en l’occurrence des patinages excessifs lors des démarrages et changements de rapports. La seule parade pou éviter ces désagréments est de s’astreindre à effectuer des démarrages et changements de vitesses fluides, fermes et sans précipitations, surtout sur les routes de montagne, sinueuses ou en ville.
6 – Tremblements
Les vibrations ou tremblements ressentis pendant la phase de conduite peuvent être de différentes origines (roues mal équilibrées, par exemple), mais peuvent aussi provenir d’un mécanisme d’embrayage déséquilibré. Un professionnel saura définir la cause, lors d’u essai sur route.
7 – Pédale molle
Si la pédale d’embrayage devient molle et/ou tend à s’enfoncer anormalement, il convient de vérifier le circuit hydraulique d’assistance à l’embrayage. Dans les véhicules équipés de tels dispositifs, des bulles d’air peuvent se former à la suite d’une fuite ou du vieillissement de l’huile. Comme pour les freins, il faut vérifier, en premier lieu l’étanchéité du circuit, réparer les éventuelles fuites, puis purger les bulles d’air ou remplacer le fluide hydraulique.
8 – Pédale résistante
Si, au contraire la pédale oppose une résistance anormale à l’enfoncement, surtout perceptible en passant la première vitesse ou la marche arrière, il y a fort à parier que l’embrayage, à bout, approche de sa fin de carrière.
Méthode simple, pour tester un embrayage
Pour être fixé sur l’efficacité de l’embrayage, lorsque vous achetez une voiture d’occasion ou simplement pour confirmer un doute sur la fiabilité de votre véhicule quotidien, il est possible, sur un véhicule à boite de vitesse manuelle, de diagnostiquer le bon fonctionnement de cet organe, rapidement, sans aucun démontage et sans frais. Pour ce faire, effectuer les opérations suivantes, dans l’ordre, moteur chaud tournant :
- serrez le frein à main à fond ;
- appuyez fermement sur la pédale de frein ;
- Débrayez, pédale au plancher ;
- Engagez la troisième vitesse ;
- Embrayez lentement en accélérant doucement et graduellement.
Si le moteur cale très vite (pédale enfoncée presqu’à fond), la course d’embrayage incorrecte doit être réglée ; si le moteur cale à mi-course de la pédale, l’embrayage fonctionne correctement ; si le moteur peine, mais est long à caler, l’embrayage est fatigué ; si le moteur continue à monter en tours, sans caler, l’embraye est mort. Ce test est fiable, mais il doit être mené avec modération et ne pas être renouvelé souvent, car il provoque une usure prononcée du disque d’embrayage et des contraintes anormales dans la chaîne de transmission.
La meilleure protection de l’embrayage reste la prévention
L’embrayage à friction est un organe fiable, mais comme toutes les pièces d’usure, il réclame quelques ménagements et des soins répétés pour durer. Utilisez l’embrayage délicatement, il vous le rendra au centuple en confort de conduite, en longévité et en économies d’énergie. Les conduites sportives trouvent leur intérêt sur les circuits ou au cours des compétitions. Sur les routes encombrées de notre quotidien, elles deviennent anachroniques, dangereuses et mettent à mal les mécaniques les plus résistantes. Souvenez-vous que la durée de vie kilométrique d’un embrayage peut doubler, en adoptant simplement une conduite amusante, mais raisonnée et en appliquant quelques principes simples, comme éviter systématiquement d’attendre le feu vert, vitesse engagée, pédale débrayée à fond !