Le gonflage des pneus figure dans le top 5, des éléments-clefs de la sécurité automobile. Mention spéciale pour les trajets sur autoroutes en période estivale, sur lesquels, selon les dernières statistiques connues, 15 % des accidents ayant causés au moins un décès, sont provoqués par une défaillance des pneus. Rien d’étonnant, lorsque l’on sait que plus de 50 % des Français roulent avec, au moins un pneu dangereusement sous-gonflé. Il convient donc de prendre, collectivement, pleinement conscience de l’importance du contrôle régulier de la pression des pneumatiques, quelle que soit la fréquence et la distance des trajets parcourus.
Pourquoi les pneus sont-ils aussi importants ?
Dans un véhicule automobile, les pneus constituent le seul contact avec la route, réduit en moyenne à la surface d’une carte postale pour un pneu de voiture ou d’une carte de crédit pour celui, d’une moto. De ces quelques centimètres-carrés, dépendent l’adhérence sur l’asphalte et la tenue de route:
- par tous les temps ;
- à toutes les vitesses ;
- sur la plage entière de charge du véhicule ;
- quel que soit l’état du revêtement.
De ce bout de gomme dépend aussi la stabilité de trajectoire du véhicule et sa capacité de freinage sur une distance que l’on souhaite la plus courte possible. De façon plus discrète, le type et la pression des pneus jouent un rôle actif, toutes choses égales par ailleurs, sur la consommation en carburant, sur l’empreinte carbone du voyage, sur le niveau acoustique perçu dans l’habitacle et sur le confort des passagers.
Raisons qui doivent pousser à vérifier, régulièrement, la pression des pneus
Le gonflage optimal des pneus ne se décrète pas ! Il est soigneusement calculé, étudié, testé, contrôlé avant d’être approuvé par les constructeurs automobiles et les manufacturiers, pour chaque type et dimension de pneu et pour chaque véhicule en fonction de la charge embarquée. Prenez donc soin de suivre à la lettre, les termes du livret d’utilisation de votre nouveau véhicule, dont la rubrique « pression des pneumatiques« , reprend l’ensemble de ces données. Dans le même esprit, faites clairement valider ces informations par le professionnel, après tout changement éventuel de marque ou de type de pneus.
Les pneus correctement gonflés, travaillent dans les conditions prévues par le fabricant pour en minimiser l’usure, régulièrement répartie sur la surface, sans déformation latérale ou de la bande de roulement. Nous verrons plus loin, les effets d’un mauvais gonflage sur l’aspect et sur la structure du pneu.
La pression adéquate garantie d’obtenir la meilleure motricité possible, donc d’optimiser les performances du véhicule. Le confort et la précision de pilotage sont pleinement ressentis et les économies en carburant à leur meilleur niveau.
Risques liés aux pneus surgonflés
Admettons, tout d’abord, que peu d’automobilistes roulent avec des pneus surgonflés. Certes, cette situation comporte moins de risques qu’une pression trop faible, mais les conséquences peuvent cependant être désastreuses lorsque la pression excède les capacités techniques du pneu, car les risques d’éclatement augmentent de façon exponentielle avec la surpression. Peu de gens le savent, mais la pression maximale à froid supportée par le pneu, est inscrite, en relief sur le flanc de tous les pneumatiques, soit en KPA (100 KPA = 1 bar), soit en PSI (14.50 PSI = 1 bar). Pour le trouver, aiguisez vos yeux, car les caractères, noir sur noir, sont généralement minuscules. En prévoyant une large marge d’erreur, en fonction de l’usage prévu, les constructeurs minimisent la probabilité d’atteindre le seuil fatal, mais l’erreur étant humaine, rien n’est impossible. Prudence, donc !
En deçà de cette limite, le sur-gonflage n’est vraiment dangereux qu’à grande vitesse, lorsqu’il est déséquilibré sur un essieu. Une différence de pression de plus 0,5 bars, ou plus, entre la roue droite et la roue gauche, peut provoquer des vibrations intenses faisant penser à une roue crevée. Une petite astuce peut révéler la position du pneu incriminé :
- des vibrations ressenties au volant accusent le déséquilibre des roues avant ;
- lorsque vous ressentez ces vibrations dans le siège, c’est à coup sûr, une roue arrière qui est en cause.
Notez que les manifestations annonciatrices d’un déséquilibre de pression se produisent de la même façon en cas de sous-gonflage.
Même équilibrées, les surpressions affectent, en outre :
- la tenue de route, car la surface de contact se réduit lorsque la pression augmente, ce qui engendre une perte sensible d’adhérence ;
- la distance de freinage, pour la même raison ;
- le confort, car les irrégularités de la route sont transmises sans amortissement à l’habitacle ;
- la longévité des pneus, à cause de l’usure prématurée irrégulière de la partie centrale de la bande de roulement.
Maigre consolation, dans ces situations, le niveau de consommation en carburant baisse légèrement, avec pour corollaire une réduction des émissions de CO².
Risques liés aux pneus sous-gonflés
En dehors d’activités particulières, pratiquées avec des pneus spécialement conçus pour ces situations (off-road dans le sable, par exemple), les pneus sous-gonflés présentent un facteur de risque majeur pour la sécurité routière. C’est même, le plus important danger imputable à des pneus, responsable de la quasi-totalité des drames évoqués en introduction de cet article.
En situation de sous-gonflage, la structure interne des flancs du pneu, même neuf, est anormalement sollicitée, tant en torsion qu’au cisaillement par l’écrasement sur sa bande de roulement. Les parois latérales, constituées de multiples couches de renforts de différentes natures, s’échauffent en frottant les unes contre les autres. Le cœur du flanc, ainsi fragilisé, les matériaux rompent progressivement à la manière d’un fil de fer que l’on tord. À ce stade, même après rétablissement d’une pression normale, le pneu n’est plus récupérable. Irrémédiablement déformé, la structure n’est plus en mesure de subir les efforts normaux habituels pour lesquels il est normalement conçu. Cela n’est pas toujours visible à l’œil nu. Donc, rien, si ce n’est d’imperceptibles vibrations inhabituelles, ne vient alerter le conducteur du danger qui le guette. À terme, fragilisé par ce travail de sape, la paroi du pneu se fissure, puis fuit. C’est la crevaison ! Scénario alternatif plus critique, une boursouflure se forme (hernie), puis le pneu éclate brusquement rendant la direction incontrôlable. Cette situation, compte parmi les évènements aux effets les plus incertains et les plus dangereux, auxquels peut se trouver confronté un véhicule terrestre en mouvement à vive allure.
Au mieux, rouler avec une pression trop basse, expose à des situations périlleuses, à un vieillissement prématuré du pneumatique, à des dépenses excessives et à un comportement incertain du véhicule, du type :
- tenue de route aléatoire et difficile à contrôler quelle que soit la vitesse ;
- roulis de la caisse et risques de déjanter dans les courbes et dans les virages ;
- surexposition à l’aquaplanage, sur chaussée détrempée ;
- augmentation des distances de freinage ;
- usure prématurée des bords extérieurs de la bande de roulement ;
- faible aptitude au chargement ;
- surconsommation de carburant pouvant atteinte 20 % dans les situations extrêmes.
Quel est le moyen d’éviter radicalement les risques ?
Il semble utile de rappeler que par méconnaissance ou par négligence, plus de la moitié des automobilistes roulent avec un ou plusieurs pneus comportant un déficit de pression. Les petites causes produisant quelquefois de grands effets, la parade simple, à la portée de chacun et fonctionnant dans 100 % des situations, consiste à vérifier régulièrement la pression de chaque pneu (y compris la roue de secours), même si tout parait normal. Pour un usager de la route moyen, une fois par mois (pour compenser la porosité de la gomme) et avant chaque long déplacement est une périodicité suffisante. C’est une opération simplissime, effectuée à l’aide d’un gonfleur mis à la disposition de chacun dans toutes les bonnes stations services, voire à la maison si vous possédez un compresseur d’air muni d’un manomètre.
Cette précaution, s’inscrit dans la liste des entretiens de sécurité courants et obligatoires, au même titre que l’entretien des freins ou de la signalisation lumineuse. Indépendamment d’éliminer les risques et d’éviter des dépenses inutiles, l’impact sur l’environnement de cet entretien courant est réel, puisqu’il évite aussi, à l’échelle collective, la formation non-productive et nuisible à l’environnement, de tonnes de CO² et de particules fines. Les manufacturiers qui se préoccupent de la question, estiment que l’impact annuel de ces négligences s’élève à près de 4 milliards de litres de surconsommation en carburant, équivalent à plus de 9 millions de tonnes de surproduction de CO².