Ils voyagent près de chez eux ou sur un autre continent que celui qui les a vu naître, mais toujours dans un van. Ce petit véhicule utilitaire, à la base, est à peine plus grand qu’une voiture, quelquefois un simple break dans lequel on étale un matelas et on dispose quelques ustensiles. Qui sont ces nouveaux nomades, pour le plaisir, que l’on nomme désormais les vanlifers ?
1 – la vanlife, école de la rusticité
La rusticité est le premier trait de caractère définissant un vanlifer, dans ce que le terme peut avoir de plus noble. Certes, l’habitat est exigu, les équipements sont simples et comptés. Cela ne signifie pas qu’il soit dépourvu de confort, mais par choix personnel, presque philosophique, le superflu est systématiquement banni de tous les aspects du quotidien. S’il se contente de quelques mètres carrés habitables et d’équipements réduits, c’est pour mieux embrasser le plus somptueux des jardins : la nature sauvage.
2 – l’amour de la nature
Pour aimer le voyage en van, il faut aimer, avant tout, la vie au grand air. Dans les faits, la plupart des repas et des loisirs sont passés en extérieur, compte tenu du faible espace intérieur disponible dans le van. L’esprit de ce mode de voyage est donc très proche du camping, tel qu’on pouvait le pratiquer autrefois, tout en s’affranchissant des contraintes quotidiennes d’installation, de démontage d’une toile et des galères de moyens de transports hasardeux. Autre particularité rendant le van attractif pour les adeptes de ce genre de vie plus sauvage, le camping traditionnel n’est plus guère possible de nos jours, en dehors des lieux surchargés et tarifés dédiés à cette activité. Plus que l’animation, le vanlifer a tendance à fuir les structures trop bien organisées et onéreuses.
3 – Le vanlifer est plutôt jeune, mais…
Démarré aux États-Unis, au début des années cinquante avec le célèbre « combi » VW, l’engouement pour les vans se confirme, dans les années soixante en devenant le symbole d’émancipation adopté par les jeunes du mouvement hippie. Reconnu comme moyen économique de voyager en toute liberté, il continue à attirer une population jeune, disposant de peu de moyens, pendant de nombreuses années. La situation évolue brusquement, lors du changement de millénaire, avec l’arrivée sur le marché de nouveaux produits. Plus fonctionnels, plus habitables et plus luxueux mais aussi plus chers, ces véhicules discrets faciles à manier, intéressent désormais une population plus âgée et plus aisée. Au final, la majorité des vanlifers reste composée de jeunes, mais cette tendance s’estompe lentement au fil du temps, car les vans plaisent maintenant de 7 à 77 ans et bien au-delà.
4 – Un tempérament d’explorateur
Connaître de nouveaux horizons, en se fondant dans le paysage, est la principale raison d’être de la plupart des vanlifers. Cette obsession fait penser aux motivations de nos grands ainés partant découvrir des terres inconnues, avec des moyens, somme toutes, assez réduits, mais avec beaucoup de certitudes et cette volonté farouche de connaître autre chose. Évidemment, dans notre monde hyperconnecté, les multiples explications et les nombreux conseils dispensés sur les réseaux sociaux sécurisent largement nos entreprises contemporaines, mais on peut penser que nombre de ces nouveaux explorateurs, restent en recherche, le temps d’un voyage, d’un idéal de vie en osmose avec la nature, toujours plus difficile à atteindre.
5 – L’itinérance dans l’âme
Le bonheur du vanlifer consiste à se coucher chaque soir devant un paysage nouveau, pour repartir, ravi, mais avide le matin venu, vers de nouvelles aventures. Certainement reste-t-il encore chez nombre de nos contemporains, les gènes qui animaient, par nécessité les pérégrinations de nos lointains ancêtres, à la recherche d’un monde meilleur !
6 – Un besoin irrépressible de liberté
Dans l’exercice de sa passion, le vanlifer cherche à s’exonérer, pour un temps et dans des conditions qu’il sait limités, d’une société trop contraignante, faisant peser de lourdes charges et des obligations démesurées sur les individus qui la composent. Vivre différemment, quitte à en prendre carrément le contre-pied peut être une façon éphémère, mais efficace d’atteindre ce but. Il faut, semble-t-il, rechercher dans ce besoin de retour à l’essentiel, dans le bouleversement de la routine casanière ou dans l’affranchissement d’une norme imposée, un besoin impérieux de gouverner enfin sa vie.
7 – Les deux principaux types bien distincts de vanlifers
C’est acquis, vivre dans un van est un choix. Cependant, la façon de transformer en actes ce penchant profondément enraciné dans l’individu, peut prendre des chemins bien différents :
- On peut faire du van son habitation principale, sans limitation préalablement établie dans le temps. C’est l’alternative privilégiée par un noyau dur d’inconditionnels ayant fait en sorte d’adapter leurs moyens de subsistances à leur option de vie. La récente crise sanitaire a amplifié le phénomène, en banalisant le télétravail, façon alternative de faire entrer une part d’évasion dans l’obligation de subvenir à ses besoins.
- L’autre vanlife est plus commune. Il s’agit là, de parenthèses bénéfiques dans une existence quelquefois lourde à supporter, de changer de cadre et de rythme vie, l’espace de courtes vacances, voire de week-ends répétés. L’expérience prouve que cette brève intrusion dans un autre monde laisse des traces indélébiles, pouvant susciter des vocations plus durables…
8 – Discret et souvent rêveur
La recherche d’une ambiance plus confidentielle découle d’un état d’esprit. Celui du vanlifer est façonné de rêves, de beauté et de respect de l’environnement. Amoureux de la nature, il peut se fondre totalement dans le spectacle d’un site, au point de s’y sentir totalement intégré. La présence, en cet instant de solitude, d’un être cher ou d’une famille unie, en sublime les effets.
9 – Acteur de son temps
Ambivalence propre à l’humanité, le vanlifer reste un solitaire sociable bien, ancré dans son temps. La pratique du voyage en van favorise de nombreuses rencontres, souvent enrichissantes, le temps d’une soirée d’étape. Ces contacts peuvent devenir l’alibi d’échanges mémorables, se transformant quelquefois en amitié durable. Et puis, il y a l’informatique, désormais omniprésente dans toutes les activités humaines ! On ne compte plus les services que cet outil peut, bien utilisé, rendre au cours d’un périple en van. Elle permet de garder un contact permanent (raisonné) à la famille, aux amis et au reste de la civilisation. Les réseaux sociaux sont une source inépuisable de renseignements de toutes sortes et les logiciels couvrent de façon permanente, tous les domaines de recours utiles aux aspects de la vie les plus divers, des secours sanitaires aux problèmes mécaniques en passant par le choix des itinéraires. Les vanlifers sont particulièrement clients de ce type d’assistance. Certains d’entre eux en ont même fait leur métier et peuvent exercer de n’importe quel endroit du monde avec une connexion Internet.
10 – Le vanlifer, routard MacGyver ou fashion-victim ?
Nous devons aborder un aspect plus délicat de l’univers du van. Le monde que nous venons de décrire peut paraître idyllique. Normal, il l’est vraiment dans sa globalité. Cette récente prise de conscience, suscite un engouement, stimulant fortement le marché lié et favorise un effet de mode. Force est de constater que l’époque du van rudimentaire à l’équipement sommaire des années cinquante, bricolé au jour le jour, à l’aide de bouts de ficelle par des jeunes gens barbus et chevelus, mais plein d’imagination, à l’image du célèbre héros de fiction, est terminée. Place désormais, aux machines hyper perfectionnées, super équipées et toujours plus chères, pilotées par une population plus aisée et souvent victime de la mode. Fatalement, les comportements changent insensiblement ! Il est bien connu que les modes s’épuisent rapidement, et les excès restent marginaux, mais il est de bon aloi de répéter, chaque fois que l’occasion en est donnée, ce qui fait l’essence du mode de vie des vanlifers.