Le pare-brise est l’un des éléments clef de la sécurité automobile. Il doit évidemment être tenu propre, mais fragile, il peut subir des dégradations accidentelles produites par l’impact d’objets devenus projectile par la vitesse de la voiture. Il s’agit, le plus souvent, de gravillons soulevés par les autres usagers de la route ou d’objets transportés par le vent. Ce peut être une fraction de chargement perdue par le véhicule suivi ou une masse tombant d’un pont, d’un arbre, d’un immeuble. Il n’est pas rare de voir des pare-brise s’exploser par la chute de tuiles ou de fragments de parement muraux lors des tempêtes hivernales. Les dégâts potentiels sont de deux ordres : les impacts et les fissures, qu’il convient souvent de traiter différemment.
Un peu de technologie
Jusqu’à l’automne 1983, les pare-brise de voitures étaient réalisés en verre trempé. Ce matériau avait la particularité de se désintégrer sous l’effet d’un choc, en des millions de particules de la taille d’un petit poids. Il s’agissait, certes d’une avancée sérieuse pour la sécurité des passagers, par rapport aux vitres se cassant en larges arrêtes tranchantes comme des rasoirs. Mais ces grains coupants pouvaient laisser des séquelles graves, notamment oculaires et il n’était évidemment pas question de réparation. Les progrès industriels permettant de travailler et de coller le verre à des coûts raisonnables, ont définitivement ouvert l’ère des pare-brise feuilletés beaucoup plus sûrs.
Quand faut-il remplacer le pare-brise ?
Un impact n’ayant pas encore filé (suivi d’une fissure), peut être simplement rebouché en employant une technique à base de résine synthétique, appliquée à l’aide d’un matériel spécifique. Nous développons le détail de ce type d’intervention plus loin. Il est impératif de programmer cette réparation dans les délais les plus courts, car un impact est fatalement suivi, à plus ou moins long terme d’une fissure. Cependant :
- Si l’impact est situé dans le champ de vision direct du conducteur
- Si l’une de ses dimensions fait plus de 25 millimètres et/ou est situé à plus de 5 cm du bord extérieur de la vitre
- Si l’éclat affecte les couches internes du pare-brise
- S’il n’y a pas plus de 2 éclats sur la surface du pare-brise
La réparation n’est techniquement pas ou légalement plus possible, il faut remplacer le pare-brise. De la même façon, la loi impose ce remplacement en cas de fissure face au conducteur. En dehors de ces exigences légales, il n’existe pas de solution de réparation d’un pare-brise largement fissuré. Il faut envisager son remplacement pur et simple. Depuis de nombreuses années, les pare-brise automobiles bénéficient de la technologie triplex, constitué généralement de 3 épaisseurs (verre + matière synthétique + verre.)
Pourquoi préférer la réparation au remplacement ?
Sans aucune contestation possible, il est largement préférable, lorsque les circonstances et la localisation de l’impact le permettent de réparer que de remplacer. En premier lieu, la réparation est beaucoup moins coûteuse. Ce bénéfice financier est d’autant plus considérable que la surface du pare-brise est importante, sa géométrie complexe et ses équipements intégrés sophistiqués. À titre d’exemple, le remplacement d’un pare-brise sur un véhicule de moyenne gamme (Clio, 208, C3…), peut être évalué à 500 € TTC, moyenne. La réparation d’un éclat coûte, quant à elle, moins de 100 € TTC. Le rapport entre ces deux prix est donc, environ, de 1 à 5. Pour un SUV de gamme intermédiaire haute (5008, Koleos, C5…), les prix peuvent grimper jusqu’à 1 500 € TTC, si l’on tient compte des options disponibles (teinture, anti-lacération, chauffant, antigivre, athermiques…). Le prix de la réparation restant invariable, l’écart se creuse désormais de 1 à 15. Plus on monter en gamme et plus le delta s’accentue, atteignant un sommet sans limite pour les pare-brise sur mesure ! L’autre raison, moins apparente, mais tout aussi importante par ces temps de changement climatique, est écologique. Même si l’on considère que le verre est recyclable, les ressources énergétiques dépensées pour la refonte et la fabrication sont sans commune mesure avec celles nécessaires à la réparation. Le bilan est sans appel, raison pour laquelle les assurances mettent systématiquement en place des mesures incitatives et adoptent des avantages financiers en faveur de la réparation. Attention, cependant, plus la cavité est grande, plus les chances de réparation invisible sont faibles !
Réparation ou changement, qui décide ?
En dernier recours, c’est toujours le propriétaire qui décide entre réparation ou remplacement du pare-brise. Dans les faits, la réponse doit être nuancée et traitée au cas par cas. Si le véhicule est assuré contre le bris de glaces, les clauses de cette assurance régissent les modalités de prise en charge. Ce peut être un avis d’expert ou simplement un avis de professionnel. En cas de désaccord, le montant de l’indemnisation sera donc modulé en conséquence. Selon les compagnies et les assurances souscrites, les contrats « bris de glace », prévoient le remboursement intégral de la réparation ou prévoient une franchise. Que le remplacement soit opéré ou non selon l’avis d’un professionnel, souvenez-vous, enfin, que depuis le printemps 2018, le propriétaire du véhicule est en droit d’imposer le réparateur de son choix (Art L. 211-5-1 de la loi Hamon).
La réparation est elle durable ?
On peut estimer la réparation effectuée par un professionnel fiable, dans le sens où les risques de fissures provoqués par l’impact sont définitivement éliminés. Sachez cependant que le résultat final laisse, quelquefois, une légère trace. Le trou est rebouché, le pare-brise est sécurisé durablement, mais il demeure une sorte de cicatrice, plus ou moins visible. À ce stade, aucune intervention ne pourra supprimer ce défaut, la seule alternative reste le remplacement. Notez qu’il s’agit d’une situation marginale rare.
La réparation du pare-brise est elle à la portée d’un amateur ?
Pour être prise en compte par l’assurance, la réparation doit être obligatoirement le fait d’un professionnel. Dans le cas contraire, si vous désirez limiter les frais et acceptez un degré aléatoire d’imperfection esthétique, les grandes surfaces de bricolage, les accessoiristes auto et les sites spécialisés regorgent de « kits de réparation« , contenant l’ensemble des matériaux et matériels spéciaux permettant à un bricoleur moyen de reboucher des impacts de différentes tailles. Le résultat final varie en fonction de la qualité du produit et de l’habileté de l’opérateur. En principe, une réparation ainsi effectuée dans de bonnes conditions, n’est plus visible et stabilise la cavité empêchant tout risque de filage. Le prix de ces kits s’échelonne entre quelques euros et plusieurs centaines d’euros. Ces écarts de prix expliquent, peut-être, la grande différence de rendu que l’on peut constater selon les marques. Soyez donc prudent !
Déroulement dune réparation de pare-brise
Chaque éclat nécessite, pour sa réparation, entre 30 et 40 minutes de travail. Pour un résultat réussi et durable, le nettoyage en profondeur de la zone à traiter et l’extraction d’éventuels fragments de verre, sont des préalables indispensables. L’opérateur fixe, ensuite, un miroir sur la face interne du pare-brise. Cette précaution permet de suivre avec précision le bon déroulement du processus. La phase de réparation, proprement dite peut commencer :
- Perçage d’un trou rond au centre de l’éclat au moyen d’une fraise au carbure. La difficulté consiste à ne pas atteindre la feuille synthétique.
- Centrage et fixation du support d’injecteur, sur le pare-brise, face au trou.
- Montage de l’injecteur, préalablement rempli de résine, sur le support d’injecteur.
- Injection de la résine, en maintenant la pression quelques minutes, pour permettre le comblement de tous les interstices.
- Baisse de la pression, dégazage et décollage du support d’injecteur.
- Application d’un film de protection de la résine de finition.
- Séchage à l’aide d’une lampe à infrarouges à ventouses, pendant une dizaine de minutes.
La réparation proprement dite est terminée, mais il reste à éliminer le surplus de matériaux (résine et film, puis à poncer et polir la surface jusqu’à disparition totale ou partielle des traces de résine).