Le remplacement de la courroie de distribution est une préoccupation fréquente chez les propriétaires de véhicules automobiles. La plupart d’entre eux connaît le terme, mais cet organe vital du moteur reste mystérieux, sa localisation nébuleuse et son mode de fonctionnement encore plus incertain. Tentons d’y voir plus clair !
Tous les véhicules ont-ils une courroie de distribution ?
La réponse à cette question est clairement non, tous les moteurs n’en sont pas équipés. Certains sont munis d’une chaîne de distribution, assurant les mêmes services, mais présentant l’avantage de ne pas nécessiter de remplacement périodique. D’autres utilisent le principe, plus mécanique et plus précis, d’une série de pignons. Ces alternatives apportent un bonus de fiabilité, une économie à l’entretien appréciable et une tranquillité d’esprit certaine. En revanche, comme rien n’est parfait, elles sont plus onéreuses à fabriquer et traînent la réputation d’être plus bruyantes. La lecture du carnet d’entretien du véhicule ou un passage chez le concessionnaire, lèvera l’éventuel doute sur le dispositif équipant votre véhicule.
Fonction de la courroie de distribution
La courroie de distribution est l’une des pièces les plus sollicitées d’un moteur, soit-il à essence ou Diésel. Elle est essentielle au bon fonctionnement de l’ensemble de propulsion dont elle coordonne l’ouverture et la fermeture des soupapes. Ces mouvements doivent s’effectuer, quel que soit le régime moteur, à l’instant précis où cela est nécessaire pour que le flux d’aspiration du mélange de combustions et l’expulsion des gaz d’échappement, s’opèrent dans des conditions optimales, pour chaque temps et sans entrer en collision avec les pistons. Pour que cette synchronisation entre le volant moteur et l’arbre à cames qui actionne les soupapes, reste stable, la courroie de distribution est dotée de crans, capables de conserver ces réglages en mémoire, sans risque de glissement. Ainsi, le dysfonctionnement de la courroie de distribution peut être lié à son usure, mais aussi à un positionnement incorrect lors du montage ou à un décalage accidentel, provoqué par un défaut de tension.
Accessoirement, sur certains modèles de véhicule, la courroie de distribution anime aussi la pompe à eau et la pompe d’injection en carburant.
Reconnaître la courroie de distribution, examen visuel
La courroie de distribution sèche n’est que très rarement à l’air libre sur toute sa longueur. Pour y accéder, vous devrez donc, en premier lieu, démonter le carter se trouvant sur la partie avant du moteur. Cette protection est plus ou moins accessible, selon les modèles de véhicule, mais généralement démontable sans dépose du moteur et sans grande difficulté. Le montage sec est constitué de plusieurs pignons reliés par une courroie noire munie de crans venant s’encastrer entre les dents des pignons et d’un dispositif de tension à galet plat appuyant sur la surface lisse de la courroie. Il est possible d’effectuer un premier contrôle visuel, moteur à l’arrêt. La courroie doit être souple et de couleur uniforme, exempte de craquelures, de déchirures ou d’effilochages longitudinaux ou transversaux ; les inscriptions blanches imprimées sur la face lisse sont encore lisibles, sans marques de frottement, sans trace d’huile ou de graisse. La tension ne doit permettre aucune déformation sous la pression d’un doigt.
Moteur en marche (attention alors, de ne pas approcher les doigts), l’alignement sur les pignons doit être parfaitement rectiligne, sans déplacement latéral visible et centré sur le pignon. Ces caractéristiques la distinguent nettement des courroies d’accessoires, d’alternateur ou de climatisation
La courroie lubrifiée par l’huile moteur, montage extrêmement rare, fonctionne selon le même principe, mais moins facile d’accès, car enfermée dans un carter étanche, on ne la découvre que pour la remplacer.
Pourquoi la courroie de distribution s’use t elle ?
Les efforts subits par cette lanière en caoutchouc ou d’élastomère armés de polyamides ou de filaments de verre, sont considérables. L’usure mécanique par frottement, inévitable est accentuée lorsque le matériau a durci sous l’effet du temps, de la chaleur et des agressions chimiques. La courroie de distribution a donc une durée de vie limitée et son remplacement est programmé par le constructeur en fonction du kilométrage parcouru, mais aussi du temps qui passe. À cet égard, chaque modèle de moteur implique une périodicité propre (entre 80 000 et 160 000 km), clairement énoncée sur le carnet d’entretien.
Les autres causes d’usure de la courroie de distribution sont d’ordre accidentel, provoquées par un défaut de montage, par une tension insuffisante ou excessive ou encore par l’introduction de corps étrangers plus ou moins abrasifs ou tranchants entre la courroie et les pignons et poulies. Ce type d’usure, impossible à modéliser, ne peut être apprécié qu’à l’écoute des symptômes généraux permettant d’évaluer l’état de la courroie.
Signaux d’usure ou de défaillance envoyés par la courroie de distribution
Contrairement à une chaîne, une courroie de distribution fonctionnelle ne doit pas produire de bruit perceptible par le conducteur ou les occupants de l’habitacle du véhicule. Lorsque son état se détériore, elle émet des sons ou des vibrations caractéristiques, facilement identifiables par une oreille avertie et permettant dans une certaine mesure de déterminer l’avancement du mal. Dans tous les cas, dès que l’un de ces phénomènes devient perceptible, il est prudent, compte tenu de dégâts potentiels pouvant aller jusqu’à la casse complète du moteur, de réparer la cause ou de remplacer la courroie dans les meilleurs délais.
Bruits et comportements anormaux du moteur n’impliquant pas le remplacement systématique de la courroie de distribution
1 – À-coups ou calages
Une baisse de la puissance accompagnée d’à-coups, d’irrégularités dans le ronronnement du moteur à vitesse stabilisée ou d’un couple moteur manifestement trop faible pour permettre des démarrages sans caler, sont autant de signes pouvant faire penser à une courroie de distribution mal calée ou mal montée. Cette présomption est d’autant plus vraisemblable si ces symptômes apparaissent après une intervention sur le moteur ou un remplacement de la courroie.
2 – Régime irrégulier et ratés
Si le moteur boîte ou n’émet pas un bruit fluide et harmonieux, il est possible que l’ouverture et la fermeture des soupapes soient en léger décalage par rapport aux temps moteurs. On ne constate pas d’à-coups prononcés ou de manque couple évident, mais le constat est le même qu’au chapitre précédent : courroie mal calée !
3 – Consommation excessive d’huile accompagnée de fumées bleues plus ou moins prononcées
C’est le troisième signal d’un éventuel défaut de montage, sans grand risque de détérioration mécanique, mais préjudiciable au bon fonctionnement du véhicule. Ces manifestations anormales peuvent avoir de multiples origines. Certes, la courroie peut être en cause, mais d’autres facteurs ou dysfonctionnements peuvent les provoquer. Il est donc recommandé, d’agir vite et de soumettre sans délais le véhicule au contrôle d’un technicien compétent.
4 – Crissements
Ces bruits bizarres proviennent généralement d’un roulement de poulie défectueux. Le jeu dans l’axe de poulie peut alors détendre la courroie et faire « sauter » un cran de la courroie, provoquant les symptômes et désagréments décrits plus haut.
Bruits annonciateurs d’anomalies pouvant potentiellement provoquer la rupture de la courroie de distribution
1 – Ronronnements réguliers
Un ronflement sourd régulier variant en intensité avec le régime du moteur et s’amplifiant avec le temps, est le bruit très caractéristique produit par un roulement de tendeur de courroie en fin de vie. Ce bruit ne s’accompagne d’aucun désordre dans le fonctionnement ou la puissance du véhicule, mais peut avoir des effets catastrophiques si la pièce, rouillée, casse faisant ainsi dérailler la courroie. Notez que si ce genre d’incident n’implique pas fatalement le remplacement de la courroie, il peut être une première manifestation de l’usure de l’ensemble d’entraînement du dispositif de distribution. Il est donc préférable, quitte à démonter, de remplacer le kit complet.
2 – Grincements et sifflements
Les grincements et les sifflements aigus sont en général provoqués par une courroie fortement usée et/ou détendue. Si le ressort du galet tendeur est en cause, le pire est à craindre. Il faut stopper le moteur avant que le décalage excessif ne provoque des collisions internes, tordant les queues de soupapes ou perforant les pistons. À contrario, la tension exagérée de la courroie peut provoquer ce genre de bruit et des effets tout aussi dommageables. Un réglage rapide, évite cependant la détérioration de la courroie et des roulements de pignons et de tendeur.
3 – Frottements
Un fort bruit de frottement peut provenir de la courroie, désalignée, raclant sur le bloc-moteur ou sur le carter de protection. Ce faisant, elle s’effiloche, chauffe anormalement et ne tarde pas à s’user de façon critique. Ce défaut d’alignement de la courroie sur ses pignons et sur le tendeur est provoqué, par exemple, par la rupture d’un roulement de poulie. Cet incident implique l’arrêt immédiat de la voiture avant la rupture fatale.
4 – Fortes vibrations accompagnées d’un bruit métallique
De soudains claquements métalliques accompagnés de vibrations intenses provenant du moteur, sont un motif d’arrêt immédiat du véhicule. Ce bruit de ferraille, sans cesse répété, est souvent typique d’une rupture ou du décalage avancé de la courroie. Bruit et vibrations sont produits par la tête de piston cognant sur une soupape. Ce n’est pas un signe irrémédiable de casse moteur, mais le risque est grand. Par contre, ces manifestations bruyantes accompagnées d’une brutale décélération laissent plus de doute : le moteur, explosé, est bon à remplacer.