Les cardans, considérés comme des pièces d’usure, doivent faire l’objet d’une surveillance régulière et d’un remplacement périodique. L’intervalle de remplacement varie en fonction de l’usure, du mode de conduite, des caractéristiques du type de voies empruntées et de la qualité de fabrication de la pièce. On constate qu’en moyenne, un cardan peut faire entre 150 000 et 200 000 km. Cet article est destiné à mettre en évidence les signes caractéristiques envoyés par un cardan en fin de vie et les solutions à y apporter.
À quoi sert un cardan ?
En automobile, le cardan est une articulation mécanique située à la sortie d’un axe (sortie de boîte de vitesse, sortie de pont…). Son rôle consiste à transmettre la puissance du couple moteur entre deux arbres ne se trouvant pas dans le même alignement. Dans la pratique, on désigne, par ce terme, l’ensemble indivisible d’un arbre de transmission, constitué d’une ou deux articulations (joints homocinétiques) reliées par un arbre de transmission (généralement en tube). Ce dispositif transmet en sortie de boite à vitesse ou de pont la puissance nécessaire pour faire tourner les roues motrices, en compensant la position ou l’orientation de ces deux éléments en fonction de la position des suspensions et de l’orientation des roues. En conséquence, les véhicules à traction avant, comportent un cardan par roue avant, les véhicules à propulsion un cardan par roue arrière, les véhicules à 4 ou 6 roues motrices un cardan par roue.
Risques liés à une rupture de cardan
Avant qu’il ne casse, le cardan émet des bruits désagréables. Dans cette situation, on ne peut pas parler de risque, mais plutôt d’un déficit de confort doublé d’un fond d’inquiétude liée aux probabilités de panne complète. Les ruptures de joints de cardan sont rares, mais le risque n’est pas nul et si vous avez la malchance d’être confronté à cette situation, la voiture refusera obstinément d’aller plus loin. Le seul danger réel, réside dans la casse du cardan à vive allure ou en plein virage. Dans la pire des scénarios, une articulation se détache totalement (rarissime), l’arbre de transmission, libéré, tourne comme Nunchaku fou. S’il bloque la direction, la voiture est incontrôlable, c’est le décor assuré ! Dans la version soft, il peut arracher tout ce qui se trouve sur sa trajectoire et/ou peut endommager la boîte de vitesse ou le pont.
Faire de la prévention pour durer
De façon classique, pour augmenter la longévité des organes de l’automobile, il faut être rigoureux sur l’entretien. Les cardans ne dérogent pas à cette règle. Il est notamment impératif de contrôler souvent l’intégrité et la souplesse des soufflets. Ces enveloppes cylindriques en caoutchouc, dont la forme rappelle celle des soufflets d’accordéon, protègent les articulations des intempéries, des projections de boue, du sable et des poussières ambiantes. Elles concourent, en outre, à confiner la graisse dans la rotule. Le temps, les variations de température, les torsions, les agressions chimiques, le sel et les étirements répétés ont tendance à durcir le matériau. Il peut alors se fissurer ou se percer, laissant ainsi les impuretés s’infiltrer. À compter de cet instant, l’usure s’accélère de façon très rapide. La fin de cet organe, essentiel pour le fonctionnement et la sécurité du véhicule est proche. Le plus souvent irréparable, son remplacement est inévitable. Les solutions pour éviter les affres de cette situation extrême, commencent par un contrôle basique et un entretien régulier des organes mécaniques :
- débarrasser régulièrement le soufflet des impuretés qui le couvre ;
- vérifiez l’état des amortisseurs, car un amortisseur usé accélère le vieillissement du cardan et vice-versa ;
- tester le jeu dans les joints homocinétiques ;
- vérifier que le soufflet ne frotte pas sur un autre élément du véhicule ;
- projeter sur les soufflets un produit de protection adapté ;
- remplacer, lorsque cela est prévu par le constructeur, le soufflet avant qu’il ne se déchire.
Il est également possible de prolonger singulièrement la jeunesse des cardans en adoptant un mode de conduite souple et en évitant les sollicitations brutales du pilotage sportif.
Reconnaître un dysfonctionnement de cardan
Hors le fait qu’un risque de bris brutal reste exceptionnel, les cardans ont la délicatesse d’envoyer des signaux d’alerte, alors même que leur usure ne présente aucun danger pour la mécanique ou pour la sécurité du véhicule. Au-delà de l’usure des soufflets, déjà évoqué, mais ne présentant pas de menace pour la pièce si elle est détectée à temps, les symptômes d’usure sont d’ordre sonores et visuels.
Symptômes visuels de l’usure d’un cardan
La première manifestation d’usure peut être la présence de traces de graisse sur les jantes, sur un garde-boue ou sur la carrosserie. Si une trace d’huile est perceptible sous le véhicule, il faut vérifier l’absence de fuite au niveau de l’axe de cardan en sortie de la boîte à vitesse. Cette vérification est utile, car l’on a souvent tendance à assimiler, toute tâche noire à une fuite d’huile-moteur, beaucoup plus fréquente. Notez que la transmission fait partie des 133 points visés lors du contrôle technique obligatoire des véhicules. Si aucun défaut de cardan n’est constaté, à cette occasion, mais qu’un mauvais état des amortisseurs est notifié, il convient d’effectuer un contrôle plus approfondi des cardans. L’usure prématurée inexplicable des pneus peut, enfin, être un indice de dysfonctionnement des cardans.
Symptômes sonores liés à l’usure des cardans
Un cardan en mauvais état émet dans tous les cas des bruits anormaux significatifs, représentatifs de son degré d’usure. Tout commence par un claquement sec discret lors des démarrages. Dans un second temps, ces claquements s’accentuent et deviennent perceptibles dans les virages à vive allure et plus encore lors des braquages à fond à faible vitesse ou lors des manœuvres de créneaux. Dans un troisième temps, enfin, les claquements sont perceptibles tout au long des courbes, lors des accélérations et parfois, mais pas toujours, lors des décélérations ainsi que lors des passages de vitesse. Un à-coup plus ou moins prononcé peut accompagner la montée ou la descente des rapports. À ce stade, il devient raisonnable d’envisager le remplacement du ou des cardans concernés, dans les plus brefs délais. Notez toutefois, que ces bruits obligatoirement liés à du jeu dans les joints homocinétiques, peuvent être confondus avec une reprise de jeu dans une rotule usée ou provenir de silentblocs défaillants.
Des craquements ou des frottements sourds très sonores peuvent aussi être perçus, sur des routes ou des chemins défoncés, en ligne droite comme en virage. Il est prudent, dans ce cas, de vérifier qu’aucun obstacle ne se trouve sur la trajectoire des soufflets de cardan, lors des débattements de suspension. Si tout est clair, il faudra rechercher un jeu excessif entre le pignon et la couronne de pont, surtout si les bruits s’accompagnent de vibrations, mais ceci est une autre histoire, car affaire de spécialiste !
Test pratique pour évaluer le jeu dans les joints homocinétiques
Avant de confier la voiture à un spécialiste qui saura détecter l’origine des bruits et comportements anormaux et inhabituels du véhicule, vous pouvez faire un test empirique rapide, ne nécessitant aucun démontage, pour mettre en évidence ou démentir un jeu excessif dans la ligne de transmission, y compris les joints de cardan. Cette opération doit être effectuée sur chaque roue motrice, frein à main desserré, roues en contact avec le sol soigneusement calées, première vitesse enclenchée :
- lever la voiture (ou seulement la roue concernée) ;
- tentez de tourner la roue sans forcer, dans un sens, jusqu’à une butée puis dans l’autre ;
Mesurez la distance parcourue, entre ces deux points de butée, au niveau de la surface de roulement du pneu. Jusqu’à 5 cm le jeu est acceptable. De 5 à 10 cm la transmission présente trop de jeu, il faut en rechercher la cause et réparer au plus tôt. Au-delà de 10 cm, le jeu devient dangereux, il faut immobiliser le véhicule pour tester sérieusement l’ensemble de la ligne de transmission (cardans, boîte et pont).