Acheter sa voiture, neuve ou d‘occasion, sur Internet offre de nombreux avantages. Le premier d’entre eux est la pléthore d’offres dont regorge ce média. Vous y trouverez véritablement de tout, du modèle le plus commun aux véhicules les plus rares. Il suffit quelquefois d’être un peu patient, de maîtriser son excitation à la vue et/ou à la description du bolide de vos rêves. Malheureusement, comme rien n’est parfait, la toile est également le plus grand terrain de jeu des escrocs, amateurs ou professionnels de toute sorte. Alors, faire une affaire, oui ! Se laisser pigeonner comme au ball-trap, non ! Voyons les erreurs les plus classiques à bien conserver au fond de sa mémoire au moment du choix.
1 – Éviter le mirage des prix très bas
Le premier argument, nous pourrions dire la vitrine, des vendeurs mal intentionnés, consiste à attirer le chaland par un prix anormalement bas, par rapport au marché (par exemple 40 à 50 % sous le prix moyen). Ce tarif hors court peut être accompagné d’une pseudo-justification, par exemple, une urgence pour raison de voyage, de santé ou sous tout autre prétexte, à priori crédible. Dans tous les cas, face à ce type de situation, le bon conseil consiste à passer votre chemin sans même vous retourner ! Mieux vaut louper une affaire financière exceptionnelle (trop mirobolante pour être honnête), que de se réveiller un matin, dépouillé de ses économies et sans voiture ou avec un véhicule inutilisable, voire dangereux.
Plus de la moitié des arnaques savamment montées sur le net commence de cette façon. Elles sont, le plus souvent le fait de bandes organisées, ne laissant rien au hasard. Dès ce constat établi, il est déjà trop tard pour faire quoi que ce soit pour récupérer votre argent. Soyez donc plus malin que les prédateurs, prenez toutes les précautions à votre service pour vous en prémunir. Si vous avez choisi de tenter malgré tout l’aventure, redoublez de prudence et de circonspection, en inspectant, à, fond le produit et en exigeant du vendeur, les preuves tangibles de son existence réelle. À ce sujet, une petite annonce sans numéro de téléphone ou en 0800… doit allumer immédiatement un voyant rouge dans votre esprit.
2 – Ne pas se soucier de la vie antérieure du véhicule
Même si cela parait peu évident, cette précaution n’est pas seulement réservée aux voitures d’occasion. En effet, une voiture neuve peut provenir, par exemple, de stocks invendus d’un pays étranger. Dans ce cas, est-elle homologuée dans notre pays ? Faut-il prévoir des adaptations aux normes en vigueur ? Qui les payera ? Qui sera chargé des formalités auprès des autorités ? Qui sera chargé d’obtenir le certificat d’immatriculation, bien d’autres questions en suspens, concernant notamment, la sécurité du véhicule et de ses passagers. Pour les voitures d’occasion, le passage obligé de l’enquête d’antériorité est plus complexe. Il s’agit, en premier lieu, d’obtenir les factures de réparations, pour les examiner attentivement afin de comprendre ce qui les a motivées. En effet, une lourde réparation peut cacher un défaut congénital du modèle, qui ressurgira fatalement, un moment ou l’autre. Certaines interventions trop répétitives permettent aussi de juger du traitement subi par la machine (plaquettes et disques de freins, remplacement de pneus, nombre élevé de factures de carrosserie…). Ne négligez pas, non plus, de lire attentivement le contrôle technique. Il doit obligatoirement dater de moins de 6 mois et une contre-visite constitue une forte présomption de défaut d’entretien.
3 – Zapper l’épreuve d’essai sur route
L’achat d’une voiture est un investissement lourd, qui engage quelquefois pour de longues périodes. Autant de raison pour bien s’y sentir à l’intérieur et être convaincu qu’elle correspond exactement à l’usage que vous en ferez. L’essai sur route est, à cet égard, un passage obligé important. Même de courte durée, l’essai doit être en mesure de conforter vos exigences en matière de confort positionnel et acoustique, d’adaptation à votre conformation physique, de motricité, de bon fonctionnement de chaque élément mécanique ou accessoire, etc. C’est aussi un temps privilégié pour entretenir la conversation, à bâtons rompu avec le vendeur. N’hésitez pas à poser toutes les questions, même les plus naïves qui pourrait vous suggérer telle ou telle impression de conduite (bruits divers, comportement de la direction, efficacité du système de freinage, …). Dernier conseil sur le sujet : certains vendeurs refusent de vous laisser le volant pendant cet essai sur route. N’acceptez en aucun cas cette restriction, même assortie d’une raison crédible comme la non-assurance d’un tiers. En effet un conducteur habitué à son véhicule peut facilement cacher par un mode de conduite approprié, certains défauts inacceptables.
4 – Ne pas essayer de détecter les vices cachés
Avant même d’essayer la voiture, Il semble nécessaire de vérifier soigneusement les éléments que personne, ou presque, ne prend la peine d’inspecter. Il s’agit du dessous de la caisse et de son étanchéité. Nous n’évoquons pas là, de bilan mécanique, mais d’un examen visuel pouvant révéler des stigmates de chocs passés ou de déformations pouvant créer des bruits d’air à grande vitesse ou des entrées d’eau. Ainsi, un simple panneau de protection inférieure du moteur endommagé, est signe d’un choc ou de la perte progressive de ses moyens de fixation, ignorés trop longtemps. Résultat, le panneau vibre dans un premier temps, flotte en créant des cognements sourds sous l’effet du vent, puis se détache soudain, dans un bruit d’enfer, risquant d’arracher sur son parcours tuyaux et câbles électriques et d’être projeté sur le véhicule suiveur. Certains propriétaires peu respectueux du matériel, suppriment purement le panneau avant cette extrémité peu glorieuse. Il s’ensuit fatalement, au moindre mal, des bruits d’air prononcés à grande vitesse. L’examen du dessous du véhicule peut aussi révéler ce que les marins nomment des « talonnages » (quille heurtant le fond), plus ou moins dévastateurs. Il s’agit de chocs, provoquant des enfoncements ou des déformations, créés par le contact brutal du bas de caisse sur des obstacles de la route (bande de roulement de pneus perdue par un poids lourd, quilles de signalisation…).
Tout aussi dangereux et potentiellement dévastateurs, les bords de trottoirs ou de terre-pleins centraux escaladés plus ou moins intentionnellement ou la surface empierrée des chemins creux, capables de déformer ou d’arracher tout ou partie des spoilers, des pare-chocs, des lignes d’échappement, des triangles de suspension et même, des canalisations de freins. Profitez également de cet examen, pour vérifier l’absence de corrosion, de moisissures ou de vielles traces d’eau, dans les endroits mal ventilés, comme les bas de coffres ou portières, les bas de pare-brises, les bas de caisse, etc. Ces signes provoqués par le manque d’étanchéité des joints d’ouvertures ou des défauts de peinture, sont quelquefois difficiles à cernés, sauf si vous effectuez l’essai un jour de gros orage !
5 – Traiter avec méprit, l’état de la carrosserie et de l’aménagement intérieur
On peut avoir, sous l’effet de l’excitation du moment, tendance à minimiser ou à inconsciemment ignorer certains défauts mineurs de carrosserie de sellerie ou dans la qualité et dans la présentation de l’aménagement intérieur du véhicule. Certains vendeurs professionnels, entretiennent l’état jubilatoire provoquant ce défaut d’esprit critique en vous noyant, pendant la séance d’essai, sous un flot de paroles rassurantes, destinées à détourner votre attention de toute velléité négative à l’égard du véhicule. En vérité, ces petites imperfections, paraissant négligeables à cet instant, peuvent devenir gênantes ou entêtantes lorsque l’attrait de la nouveauté laisse place aux réalités de l’usage quotidien. D’ailleurs, même si elles ne vous gênent vraiment pas, les verbaliser et les garder en mémoire sera un argument utile au moment de la négociation finale.
6 – Ne pas lever systématiquement tout soupçon sur l’origine et l’intégrité du véhicule
La vente de véhicules volés n’est pas qu’une fable que l’on se raconte devant le comptoir des bistrots ou une histoire née de l’imaginaire collectif. C’est une réalité dont souffre, chaque jour nombre de nos concitoyens. Il existe pour contrer ce genre de déconvenue, des moyens simples à la portée de tous. Il serait donc dommage de ne pas les mettre en œuvre systématiquement, y compris si les rapports entre le vendeur et l’acheteur sont cordiaux et apparemment de confiance. Pour parer sans coup férir ce genre d’arnaque, il suffit de comparer les numéros de châssis et de moteur à ceux inscrits sur la carte grise. Il est utile et de nature à impressionner votre interlocuteur sur vos connaissances en matière automobile, de rechercher avant la visite du véhicule, l’emplacement précis de ces indications. Vous trouverez facilement ces localisations sur Internet. Si les numéros ne sont pas rigoureusement identiques, une explication précise, circonstanciée et prouvable, s’impose au vendeur. Les numéros de moteur sont différents, pourquoi ? Le moteur a été changé, pour quelles raisons ? Pourquoi ce remplacement n’a-t-il pas été notifié à l’acheteur et à l’administration, puis rectifié sur le certificat d’immatriculation ? Mêmes questions, au regard d’une différence entre les numéros de châssis. Autant de raisons qui ne doivent pas rester sans réponse, ni sans factures attestant de la véracité des assertions et de la conformité du nouveau véhicule. En tout état de cause, ces pratiques sentent le camouflet et sèment un doute majeur sur la sécurité du véhicule. À fuir !
7 – Ne pas sécuriser le paiement
Nous ne pouvons pas conclure ce dossier, sans évoquer les risques liés au paiement ou les tracas juridiques suivant l’achat d’un véhicule volé, trafiqué ou affublé de vices cachés. Le fait d’acheter sur Internet ne fait qu’augmenter les statistiques en ce sens. Prenez donc soin dans tous les cas, de définir de la façon la plus « matérialisée » possible les coordonnées de votre vendeur. Demandez et examinez soigneusement ses pièces d’identité. Leur production est un droit et ne surprendra ou n’attirera de réaction indignée chez aucune personne honnête. La meilleure façon d’acquérir un début de certitude sur la possibilité de retrouver le vendeur, consiste à finaliser la vente à son domicile, qui doit correspondre aux indications portées sur les pièces fournies. Conservez un double, par impression d’écran, de la petite annonce à l’origine de cette vente. Elle constitue une preuve de votre bonne foi devant un tribunal. N’effectuez jamais quelle qu’en soit la raison, le paiement :
- en espèces, cette pratique illicite en France au-delà de 1 000 € est passible de fortes amendes ;
- Sur un organisme bancaire ne relevant pas des lois de votre pays. Ceci exclut formellement les agences de transfert anonymes d’argent, comme Western Union, Money Gram, etc.
Si le vendeur n’est pas un professionnel notoirement reconnu, enfin, n’envoyez jamais d’acompte pour bloquer la vente.